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LE CREPUSCULE DES GEANTS
PREMIER CHAPITRE


Bien qu'il le connût déjà, le phénomène intriguait Astyan, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas.
Installé à la proue du Galea'ch, le navire que lui avait offert la reine Callisto, il contemplait l'horizon marin. Il était arrivé à Thulea neuf lunes auparavant, au début de l'été. Une lumière étincelante inondait alors le paysage surprenant de la petite cité, oasis de douceur égarée au coeur de l'océan polaire.
Aujourd'hui, le monde s'était couvert d'un manteau de froid pénétrant, à l'image du désarroi qui occupait l'esprit du Titan. Des nuages d'un gris métallique, lourds de pluies imminentes, remontaient du sud. Au loin, des vagues monstrueuses, couronnées d'écume, venaient exploser sur les rochers sombres qui gardaient l'entrée du port. Des nuées d'oiseaux de mer griffaient le ciel bas de leurs vols majestueux, parfois déséquilibrés par une bourrasque brutale. De temps à autre, l'un d'eux plongeait dans l'enfer bouillonnant pour y saisir adroitement une proie, puis revenait vers les nids abrités dans les replis de la roche.
Mais ce n'étaient pas les oiseaux qui attiraient l'attention du demi-dieu. Bien au-delà du port, à demi noyé dans les brumes froides, glissait la silhouette gigantesque et fantomatique d'une montagne de glace flottante. Les icebergs, géants aveugles détachés de la banquise par le dégel, constituaient la terreur des marins. La masse émergée ne représentait que le dixième de celle du colosse, et il arrivait qu'un navire soit éventré par les éperons de glace invisibles cernant le léviathan.
Le phénomène n'avait rien de surprenant en lui-même. Pourtant Astyan ne parvenait pas à comprendre la présence d'un iceberg sous cette latitude. Depuis qu'il avait retrouvé la mémoire de ses vies passées, il avait étudié les déplacements des étoiles et des astres. Il en avait conclu que Thulea se situait bien loin au nord de l'Atlantide, elle-même proche des tropiques. Cela expliquait peut-être que personne ici n'ait entendu parler de l'Archipel. Cette petite cité des glaces avait due être fondée bien longtemps auparavant par des colons qui, pour une raison inconnue, avaient rompu tout lien avec l'Empire. Sans doute l'éloignement... C'était tout au moins une hypothèse à laquelle il voulait se raccrocher.
Pourtant la localisation de Thulea le déconcertait. Si les calculs d'Astyan étaient justes, l'océan boréal aurait dû être recouvert par les glaces sous cette latitude. Or, il n'en était rien. Il avait longtemps pensé que la proximité des volcans avait créé un micro-climat. Une chaîne de montagnes de feu ceinturait l'île. Parfois le sol tremblait, mais les Thuléens ne s'en souciaient guère; les séismes faisaient partie de leur vie quotidienne.
Et voici qu'apparaissait cet énorme iceberg, dérivant du nord comme un spectre monstrueux. Sa présence prouvait que la banquise commençait bien plus haut. Le Titan savait qu'il n'avait pu commettre d'erreur. Il s'était fabriqué, à l'aide de cristaux d'obsidienne polis, une lunette d'observation, ainsi que différents appareils de mesure qui avaient étonné les marins. En dehors de la boussole, ils ignoraient l'usage d'instruments simples, sextants, compas, triangles. Il s'était aperçu que les Thuléens ne possédaient qu'une connaissance rudimentaire de la navigation. Peut-être était-ce dû, encore une fois, à l'éloignement. Mais Astyan soupçonnait une raison bien plus grave, une hypothèse terrifiante, que venait malheureusement étayer la présence de la montagne de glace à l'horizon.
Fasciné, Astyan regarda l'iceberg se déplacer vers le sud avec une lenteur majestueuse. Son sommet se perdait dans le ciel sombre. Les yeux rivés sur le géant minéral, il lui semblait entendre les craquements dus aux contraintes formidables qui s'exerçaient sur le colosse, les grondements des vagues qui peu à peu le rongeaient.
Les mâchoires du Titan se serrèrent avec force, à la limite de la souffrance. Il détourna le regard pour ne plus voir l'iceberg, comme s'il voulait nier jusqu'à son existence. Un trouble profond l'habitait. Depuis ce jour où il avait réveillé le souvenir de son passé de prince atlante, il avait voulu sonder l'espace psychique afin d'y déceler la présence de ses compagnons. Il s'était produit alors un phénomène incompréhensible. Dès qu'il avait tenté de plonger dans l'univers immatériel, une angoisse sans nom avait pris possession de son être, qu'il n'était pas parvenu à dominer. On aurait dit que l'espace le rejetait. Ou peut-être n'avait-il plus la force d'y accéder.
A plusieurs reprises, il avait renouvelé l'expérience. Sans succès. Un mystérieux brouillard semblait s'être étendu sur le monde, un magma où grouillaient toutes sortes de présences inconnues, impossibles à identifier. Ce voile impénétrable n'avait aucun rapport avec la brume mentale créée délibérément par les Géants durant la guerre afin de tromper la vigilance des Titans et leur interdire de communiquer. Il avait d'ailleurs fini par percer cette brume. Cette fois, il s'agissait d'autre chose. L'univers spirituel de Gaïa, la Déesse-Mère, était devenu semblable à l'eau d'un fleuve troublée par les boues remontées du fond. Aucun esprit ne pouvait être assez puissant pour engendrer une telle opacité. Ce voile sombre ne semblait pas résulter d'une action volontaire, mais plutôt d'un bouleversement survenu à la suite d'une catastrophe sur laquelle il n'osait formuler aucune hypothèse.
Il avait rapproché ce phénomène de ses tentatives infructueuses pour joindre sa compagne, Anéa, qui lui apparaissait, dans ses rêves, prisonnière d'un environnement de douleur et de néant. A chaque fois, un gouffre d'horreur insondable s'ouvrait devant lui, qu'il ne pouvait franchir. Il n'avait pu que saisir le nom qu'elle prononçait, le sien: Astyan! Puis les ténèbres se refermaient sur elle.

Chassant les idées funestes qui lui rongeaient l'esprit, il reporta son attention sur Thulea. Elle comptait vingt mille, peut-être trente mille habitants, frileusement regroupés dans leur petite vallée volcanique, un havre de paix protégé des rigueurs du Nord par les sources chaudes nées des volcans qui lui servaient d'écrin, comme des dieux colossaux et bienveillants. Il aimait ce lieu et ces gens, qui l'avaient accueilli avec gentillesse. Cependant, malgré la chaleur que lui témoignaient les indigènes, il continuait à se sentir étranger parmi eux. Rien ici ne lui rappelait l'Atlantide. L'art thuléen était grossier, la technologie rudimentaire. L'architecture maladroite ignorait les flux telluriques, négligeait l'harmonie des formes et de la nature. On ne connaissait pas l'électricité, la médecine demeurait embryonnaire. La langue elle-même différait de l'atlante, malgré certaines similitudes insolites. Mais cela pouvait se justifier par un isolement de plusieurs siècles, qui avait engendré une évolution du langage.

Cependant, un fait inexplicable l'inquiétait: pourquoi n'était-il pas parvenu à maîtriser cette nouvelle réincarnation ? Il aurait dû reprendre vie à Poséidonia. Au lieu de cela, il avait vu le jour au sein d'une petite tribu des peuples primitifs qui habitaient les côtes du continent oriental. Et pourquoi, arrivé à l'âge de la formation, n'avait-il pas retrouvé sa mémoire de Titan comme cela s'était toujours produit à chacune de ses résurrections ? Il avait été contraint de plonger dans un état léthargique pendant près de deux mois pour que remonte en lui le souvenir de ses vies antérieures.
Un élément le surprenait. Au cours de cette transe, il avait revécu des événements auxquels il n'avait pas été directement mêlé, comme l'affrontement final entre Anéa et sa soeur jumelle Ashertari. Bien sûr, il avait pu puiser ces souvenirs dans la mémoire de son épouse. Mais les réminiscences paraissaient si précises...
Soudain il comprit. Le loup, ce loup mystérieux qui l'avait accompagné pendant son isolement, et qui était sans doute l'incarnation de son père divin, Euneor, l'avait aidé dans sa quête. Ces souvenirs émanaient de lui. Il disposait d'une puissance tellement supérieure à la sienne...
Astyan eut envie d'appeler à son secours ce père étrange et insaisissable qui l'avait engendré voici bien longtemps. Et sans doute une nouvelle fois, à Trois-Chênes. Il n'était autre que ce visiteur mystérieux qui avait pris l'apparence de son père, Aalthus, et avait fécondé le sein d'Alëunda, sa mère1. Mais pourquoi ce père avait-il dû intervenir pour lui redonner vie dans la nation de la Petite Mer ? Et pourquoi avait-il disparu après son retour de la caverne de Thulea ?

1. Voir Le Prince déchu
Astyan récapitula ce qu'il savait. Douze années après la victoire des Titans sur les Géants, Maerl et Vivyan avaient retrouvé leur mémoire profonde. Selon la tradition, il avait voulu les ramener à Kamaloth, capitale du royaume septentrional d'Avallon. Pour une raison inconnue, son aéroglisseur avait explosé alors qu'il venait à peine de décoller. Mais l'accident inexplicable2 qui lui avait coûté la vie ne pouvait pas remonter à bien longtemps. Maerl et Vivyan avaient sans doute été tués en même temps que lui. Comme lui, ils avaient déjà dû renaître, et devaient avoir environ son âge aujourd'hui.

2. Voir L'Archipel du Soleil
Il voulait se convaincre qu'il avait été victime d'un accident stupide. Les Géants de la ligue du Dieu Serpent avaient tous été tués au cours de la guerre. Bien sûr, il savait qu'un jour ou l'autre, les Titans seraient amenés à les combattre de nouveau. Cependant, en douze ans, ils ne pouvaient être revenus à la vie et avoir fomenté un complot contre lui. C'était absurde. En admettant qu'Ophius et ses alliés se fussent réincarnés, ils ne devaient guère être plus âgés que lui, et ne pouvaient avoir réuni une puissance suffisante pour livrer une nouvelle bataille. Leurs forces avaient été totalement anéanties.
S'agissait-il alors d'une action désespérée de leurs partisans ? Nombre d'entre eux avaient survécu. Malgré les tentatives de réconciliation engagées par les demi-dieux vainqueurs, certains prisonniers, parmi lesquels nombre de savants et de prêtres favorables à l'utilisation sans limite de la Connaissance, avaient farouchement refusé de renier leurs convictions.
Astyan se reprochait de ne pas s'être montré plus méfiant. Le matin de l'accident, il avait reçu un avertissement de la part de sa fille Maïa, douée du don de double vue. Elle l'avait prévenu de la présence invisible du spectre du Serpent, mais il n'avait pas voulu en tenir compte.
En fait, rien ne prouvait qu'il s'agissait d'un acte criminel. Le moteur à l'uraan de l'appareil pouvait très bien avoir été le siège d'une surtension atomique. Ce genre d'accident était rare, mais possible. S'accrochant désespérément à sa logique, il estima que son décès ne pouvait remonter à plus d'une trentaine d'années. Il avait aujourd'hui vingt et un ans, et le passage dans l'univers de la "non-vie" ne durait jamais plus de dix ans. Anéa, sa compagne, devait être encore en vie. Elle ne pouvait avoir plus de soixante ans, ce qui était la pleine jeunesse pour une titanide, dont la longévité pouvait atteindre deux siècles.
Mais alors, comment expliquer les visions hallucinantes qui lui montraient sa compagne prisonnière d'un univers inconnu, avec lequel il lui était impossible de communiquer ? Avait-elle été tuée, elle aussi ? Un profond sentiment de solitude le déchirait. Anéa lui manquait cruellement. L'une de ses réflexions lui revint à l'esprit. Peu avant la terrible bataille qui avait opposé les Titans aux Géants, elle avait déclaré, parlant de leur fils à naître, Horus:
"Il sera un grand seigneur parmi les humains. Il fondera un empire. Et pourtant je ne peux distinguer l'avenir. Tout se trouble. Comme le voile d'une longue nuit qui se prépare. Il ne régnera pas avant très longtemps. Je pressens des bouleversements qui dépassent l'entendement. Comme si Gaïa elle-même changeait de visage!
Qu'avait-elle voulu dire ?

Un autre phénomène l'angoissait. S'il avait retrouvé la mémoire de ses vies passées, il ne disposait plus de la puissance indomptable qui avait été la sienne jadis. Il en avait eu la confirmation quelques jours après son retour de la caverne. Utilisant la matière de l'épée qu'il avait conquise à Yshtia, il avait voulu transformer l'acier dont elle était constituée en orichalque, ce métal mystérieux que seuls les Titans étaient capables d'obtenir. Malgré tous ses efforts, il n'avait pu réussir la transmutation. Au début, il avait mis cette défaillance sur le compte d'un surcroît de fatigue, qui avait empêché une véritable concentration spirituelle. Mais toutes ses tentatives ultérieures s'étaient soldées par des échecs. De même, il ne parvenait plus à s'extraire de son propre corps pour effectuer un voyage astral. Seule lui restait une force physique prodigieuse.
Sans trop y croire, il se concentra sur les eaux tumultueuses et grises qui venaient frapper les flancs du navire. De toute son âme, il tenta de leur imprimer sa volonté, comme il le faisait lorsqu'il était encore le prince de Poséidonia. Mais les vagues refusèrent de lui obéir. Il ne parvenait plus à s'intégrer à leur structure, à l'influencer. Sa main se crispa sur la lisse du navire. Il devait se rendre à l'évidence: ses pouvoirs avaient bel et bien disparu!
Mais alors, comment expliquer ce mystérieux rayon vert, surgi de sa main, qui avait détruit Erh Garah, le monolithe géant du roi Dravyyd ? Et l'anéantissement d'Yshtia par un raz de marée soudain, né de la fureur sans nom qui l'avait saisi devant la mort ignominieuse de son épouse Myria ?
Peut-être ces pouvoirs existaient-ils encore en lui, à l'état latent. Mais pourquoi ne pouvait-il plus les contrôler ? Pourquoi ?
Il faillit se mettre à hurler de désespoir. Mais il se maîtrisa. Une silhouette se dirigeait vers le navire: Diekaard, le capitaine qui était venu les récupérer, Callisto et lui, après la catastrophe d'Yshtia.
Astyan appréciait beaucoup cet homme discret et efficace, à la stature imposante, dont le visage s'ornait d'une barbe blonde et abondante qui lui couvrait les joues presque jusqu'à la hauteur des yeux. D'humeur toujours égale, il était aimé de ses marins et vouait à Callisto une adoration totale. Il passait le plus clair de son temps en mer. Il ne l'avait pas revu depuis son retour de la caverne. Diekaard était revenu la veille d'une expédition commerciale à Leoness. Il s'avança vers Astyan avec un large sourire.
- Je suis venu te saluer, Seigneur. Notre reine m'a dit que je te trouverais ici.
- Sois le bienvenu, Diekaard. Ton voyage s'est-il bien déroulé ?
- A part deux tempêtes d'équinoxe et un iceberg qui a failli nous envoyer par le fond, rien à signaler. Les Leonessiens sont des gens rusés et durs en négoce, mais nous avons conclu de bonnes affaires.
Tandis que l'autre parlait, Astyan éprouva une impression étrange, comme s'il le découvrait pour la première fois. Soudain une émotion violente s'empara de lui. Ce regard d'un bleu limpide, cette carrure massive et tranquille... Un flot de souvenirs lui revint en mémoire. La démarche, la stature de Diekaard lui rappelaient celles de l'un de ses compagnons. Il murmura:
- Païdras...
Païdras, le capitaine de la légion des Braves, le commandant du navire fabuleux, l'Hedreen; un ami fidèle, solide comme un roc, mort à ses côtés lors de l'explosion de l'aéroglisseur. Diekaard pouvait-il être ce compagnon disparu ? Par réflexe, il tenta de sonder les schèmes mentaux du Thuléen. Sans succès. Diekaard s'aperçut de son désarroi.
- Tu te sens bien, Seigneur ? demanda-t-il, troublé par le regard étrange d'Astyan.
Chancelant, le Titan s'appuya à la lisse. L'autre le saisit par les épaules pour le soutenir. Astyan reprit son souffle, puis répondit d'une voix sourde:
- C'est un léger malaise. Le temps, peut-être.
Diekaard hocha la tête.
- Le printemps est long à venir cette année. Il faisait plus doux à Leoness.
Astyan ne pouvait expliquer ses soupçons au Thuléen. Comme les Titans, les humains se réincarnaient, mais ils l'ignoraient, car ils ne maîtrisaient pas le phénomène de la résurrection. Avant sa dernière mort, Astyan eût été capable de percer le secret de l'âme de son compagnon à jour, et même de l'amener à plonger, par delà le gouffre de la "non-vie", dans sa mémoire profonde, et ainsi retrouver le souvenir de son existence antérieure. Mais il avait perdu ses pouvoirs. Pourtant son intuition lui soufflait qu'il ne se trompait pas. Diekaard avait été Païdras. Il résista à l'envie qu'il avait de prendre son compagnon dans ses bras. Païdras l'aurait compris. Diekaard eût été surpris.
Un détail le troublait cependant. Le capitaine thuléen avait près de quarante ans. Alors, lui-même était-il resté plus longtemps "absent" de la vie qu'il ne le croyait ? Au prix d'un violent effort de volonté, il surmonta l'émotion qui l'avait envahi et déclara:
- Diekaard, tu sais que je vais bientôt quitter Thulea. J'aimerais que tu sois à mes côtés, pour commander le navire.
La nervosité qui transparaissait dans sa voix troubla le Thuléen. Il sentait confusément, sans pouvoir l'expliquer, qu'un lien étrange l'attachait à cet homme mystérieux que l'on considérait comme un demi-dieu depuis son arrivée. Le récit de ses exploits avait fait le tour de la cité. On aurait souhaité qu'il restât aux côtés de la jeune reine. Mais on savait qu'il partirait après la naissance de son enfant, et que rien ne pourrait le retenir.
Diekaard acquiesça:
- Si ma souveraine y consent, j'aurai grand plaisir à t'accompagner, Seigneur!
Il n'était pas jusqu'aux intonations de la voix qui ne rappelassent celles de Païdras. Astyan murmura:
- Merci!
A ce moment, un serviteur accourut, affolé.
- Seigneur! Notre reine Callisto vous demande. Elle vient d'entrer dans les douleurs de l'enfantement.
Quittant Diekaard, Astyan se précipita à terre. L'accouchement n'était prévu que trois semaines plus tard. Une sombre prémonition lui criait que la jeune femme courait un grave danger.

A SUIVRE...

 
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