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LE JOUR DU SOLEIL


L'un des phénomènes les plus étonnants qui marqua cette période terrifiante que l'on a appelée le Jour du Soleil fut l’apparition de toutes sortes de maladies, d'épidémies qui, en quelques décennies, ramenèrent la population de la planète de quelques vingt milliards à moins de quarante millions d'individus sains. Si l'on excepte les quelques centaines de millions de garous, on obtient une division par cinquante.
On ne peut s'empêcher d'être épouvanté par cette manifestation aussi soudaine que brutale, que beaucoup apparentent à une manifestation divine, même parmi les amanes. Bien sûr, les analyses ont prouvé que ces épidémies furent causées par la surpopulation même des bas-fonds des cités titanesques de la fin du XXVème siècle de l'ère antique. Les conditions de vie épouvantable qui sévissaient dans ces lieux favorisèrent la diffusion de ces maladies. D'aucuns pensent que la nature elle-même, devant la démographie galopante qui marqua le XXVème siècle, réagit spontanément en "créant" des germes inconnus destinés à rétablir un équilibre bouleversé. Il faut voir dans cette surpopulation aussi soudaine qu'incompréhensible les origines réelles du Jour du Soleil.
Déjà, à la fin du XXème siècle antique, un tel phénomène avait commencé à se produire. De nouvelles maladies étaient apparues soudainement, et avaient provoqué de grands ravages en quelques décennies. Puis les progrès technologiques, ainsi qu'une nouvelle philosophie, basée sur la valeur individuelle, avaient permis, vers le milieu du XXIème siècle, l'avènement de cette période extraordinaire que fut l'Age d'Or.
Pourquoi celui-ci bascula-t-il au bout de quatre siècles dans le Chaos ? Personne ne peut l'affirmer avec certitude. Les analyses les plus sérieuses, rendues délicates par le manque d'information, estiment que la vie était devenue beaucoup trop facile pour l'Humanité. Les maladies avaient presque toutes été vaincues. Le travail avait cédé le pas aux loisirs. L’oisiveté et l’ennui apparurent, engendrant une recherche d’autres valeurs. La technologie avait amené la création de mondes virtuels, qui faisaient peu à peu perdre la notion de réalité à l'être humain. L’espérance de vie s’était artificiellement allongée, atteignant parfois cent cinquante ans dans les pays les plus développés.
Mais l’homme, enfermé dans des mégalopoles titanesques, avait perdu le contact avec la nature. Organes artificiels et implants cérébraux avaient fait de lui un homme bionique, totalement désarmé face à la nature. Toujours à la recherche de sensations nouvelles, il finit par devoir affronter un ennemi sournois : l’ennui.
Les archives ont montré un nombre incroyablement élevé de suicides dû à ce que l’on considère aujourd’hui comme un fléau. Ce fléau apparut dès la fin du troisième siècle de l’Âge d’Or. À cette époque, les guerres n'existaient pratiquement plus. Les haines raciales et religieuses avaient notablement diminué vers la fin du XXIème siècle antique. L'homme se lançait à la conquête des étoiles. Des centaines de milliers de Terriens embarquèrent pour Lonn, la planète sœur, découverte en 2175, et colonisée à partir du début du Vingt-quatrième siècle.
Certains expliquent la fin de l’Âge d’Or par un événement qui marqua profondément l’esprit humain. Le troisième vaisseau intergalactique, l’Osiris, fut lancé en 2381. Il lui fallait soixante ans pour joindre Lonn. Attendu vers 2440, il n’arriva jamais à destination et fut considéré comme perdu à partir de l’an 2450, avec ses six cent mille passagers cryogénisés. Cette tragédie, dont on ne connaîtra sans doute jamais les raisons, frappa fortement les esprits. Le succès total des premières traversées avaient plus ou moins donné à l’Humanité le sentiment que l’univers lui appartenait. L’arrivée sans problème des deux vaisseaux construits après l’Osiris, le Thésée et l’Alcyon, ne suffit pas à compenser le traumatisme.
Les anciennes religions, qui sommeillaient dans l’ombre, profitèrent de l’occasion pour revenir sur le devant de la scène. L’Homme avait défié les dieux, et les dieux l’avaient rappelé à l’ordre. Les sectes se multiplièrent, le fanatisme refit son apparition. La résurgence des anciennes croyances se fit de manière fulgurante, et eut pour conséquence un emballement de la démographie, voulue par les plus puissantes des sectes. Celles-ci voulaient un maximum d’enfants, qui à leurs yeux se traduiraient par des guerriers potentiels. La violence et le chaos s’emparèrent des mégalopoles surpeuplées en à peine quelques décennies. Prises de vitesse, les autorités ne purent enrayer le phénomène. D’une population stabilisée à huit milliards depuis le milieu du Vingt et unième siècle de l’ère chrétienne, on passa en cinquante ans à plus de vingt milliards, avec des conséquences catastrophiques sur le plan de la nutrition et de la pollution.

LE JOUR DU SOLEIL
Le 24 juin 2484 eut lieu une catastrophe effrayante, que l’on considère comme le début officiel de l’effondrement de la civilisation antique. Ce jour-là, une gigantesque station de loisirs géostationnaire quitta son orbite pour des raisons qui demeurent inexpliquées, et percuta le sixième vaisseau intergalactique sur le point de quitter la Terre en direction de Lonn. Les masses colossales des deux navires spatiaux enchevêtrés tomba sur Terre, dans un lieu qui fut localisé récemment par les Lonniens : l’Arctique. L’explosion formidable qui se produisit provoqua un dérèglement total du climat. La banquise fondit, les eaux recouvrirent une grande partie des mégalopoles. Puis apparurent les maladies, qui anéantirent l’espèce humaine.
Il faut bien en effet parler d’anéantissement, car il n'existe plus aujourd'hui de représentants terriens de cette espèce que l'on avait baptisée l'homosapiens. Cependant, chez certains apparurent des mutations qui leur permit de résister victorieusement à la plupart de ces épidémies. Ces mutants furent nos ancêtres. Les populations humaines qui peuplent désormais le monde sont toutes mutantes. Il ne faut voir là qu'un phénomène parfaitement naturel. De même que la nature a réagi à la surpopulation démentielle du globe, elle a également réagi à l'extinction complète de l'espèce humaine.
On ne peut cependant pas dire que l'homosapiens ait totalement disparu. Les Lonniens en sont les derniers représentants, et plus d'un milliard d'entre eux peuplent la planète Lonn. Cependant, ils admettent que chez eux même, des mutations se sont produites au cours des quatre derniers millénaires.
Si cette mutation naturelle permit à l’Humanité de survivre, la très grande majorité des homo sapiens n’eurent pas cette chance. Les maladies provoquèrent l’apparition d’être humains dégénérés, que l’on a appelés plus tard les weres ou garous. Fortement marqués par les épidémies du Jour du Soleil, ils se transformèrent en monstres dont la viabilité même demeure un mystère. On suppose que leur survie est due aux accouplements qu'ils effectuent régulièrement avec des mutants qu'ils capturent pour féconder leurs femelles. Le renouvellement du sang pourrait expliquer cette longévité qui dure depuis plus de trente cinq siècles. Cependant, il ne fait aucun doute que les garous finiront par s'éteindre, dans un délai impossible à fixer actuellement. Alors qu’autrefois ils constituaient la majorité de la population humaine et menaçaient constamment la survie des mutants, leur population a régulièrement régressé au fils des millénaires. On estime leur population résiduelle à quelques dizaines de millions. Ils vivent dans les régions les plus reculées du monde. Certains ont conservé leur agressivité naturelle et se livrent même à l’anthropophagie. D’autres au contraire se laissent approcher et entretiennent parfois, avec les populations locales, un semblant de relations commerciales.

Une rumeur court depuis l’ouverture de la cité de Vallensbrück au monde amanite. Nielsen d’Hoffengart, le seigneur immortel de ce domaine, époux de la princesse Nelvéa, fille de Dorian et de Solyane de Gwondaleya, a découvert, dans le massif de la Grande Chartreuse, en Francie orientale, des embryons qui lui ont permis de reconstituer par clonage des humanoïdes femelles dont le sang est translucide et bleuté. Il ne s’agit pas d’androïdes, mais bien d’êtres vivants, dont la structure organique est totalement différente de l’ADN humain.
Intrigués, les amanes ont monté une expédition pour retrouver le lieu où furent découverts ces embryons, conservés depuis des millénaires dans le froid absolu. Un message étrange, gravé dans la pierre, faisait allusion à une certaine Lauryanne, mère clonique de ces humanoïdes. Il disait : « puisse-t-elle jamais me pardonner ». La datation de ce message le fait remonter immédiatement avant le Jour du Soleil. Certains ont alors émis l’hypothèse que les deux événements étaient peut-être liés. Cependant, rien ne le prouve.

 
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