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LA LEGENDE DE LA TOISON D'OR
PREMIER CHAPITRE


Au cours de sa longue vie, jamais Khallista, l’ourse noire, n’avait entendu un bruit semblable. Cela ressemblait un peu aux vagissements poussés par les oursons dont elle avait élevé plusieurs générations, mais c’était différent. Elle huma longuement l’air matinal. Il lui tardait de retourner à la caverne familiale, où l’attendaient ses deux derniers-nés. Elle venait de tuer un daim qu’elle avait dévoré tranquillement, sous le regard intéressé des charognards, loups, renards et vautours qui attendaient patiemment qu’elle leur abandonne sa proie. Khallista était la reine de la montagne et personne ne se serait risqué à remettre sa suprématie en question.
Un seul être lui faisait peur : l’homme. Il chassait toujours en meute et utilisait des objets pointus qu’il projetait au loin. Elle avait toujours réussi à lui échapper. Avec l’âge, elle avait compris qu’il valait mieux éviter de l’affronter. Trop de jeunes ours téméraires avaient payé leur audace de leur vie.

L’odeur de l’homme flottait dans l’air ce matin-là. Pourtant, Khallista ne put résister à l’envie de s’approcher, comme si une force supérieure l’attirait. Dissimulée par l’épaisseur de la végétation, elle s’avança au plus près, intriguée. À peu de distance, un homme peinait en gravissant la montagne. Sa forte odeur, portée par la brise fraîche, empestait. Khallista l’aurait volontiers attaqué, mais il tenait en main un de ces longs objets pointus qui l’effrayaient tant. Elle ne bougea pas. L’homme transportait quelque chose de blanc. C’était de cette chose inconnue que provenaient les cris aigus. Enfin parvenu au sommet, une vaste plate-forme rocheuse, couverte d’une végétation rase, depuis laquelle on découvrait tout le pays alentour, l’homme déposa le paquet vagissant à même la roche. Puis, sans lui accorder un dernier regard, quitta les lieux précipitamment.

Les cris avaient repris de plus belle. Lorsqu’elle fut certaine que l’homme avait disparu, Khallista s’approcha avec circonspection du paquet. L’odeur humaine était encore présente, mais différente, chargée d’effluves inconnus. D’un léger coup de patte, l’ourse déroula l’étoffe rugueuse, qui révéla un petit d’homme, une femelle. Une sensation étrange envahit tout à coup Khallista. Elle aurait dû s’enfuir, ou peut-être dévorer cet être bizarre. Mais elle ne pouvait s’y résoudre. Les ours n’aiment pas la chair humaine. Et il y avait autre chose. Elle flaira longuement le bébé qui s’était tu et la contemplait avec des yeux curieux. La fillette n’éprouvait apparemment aucune frayeur. Au contraire, elle se mit à quatre pattes et vint à elle en gazouillant. Intriguée et amusée, Khallista s’étendit sur le côté. Sans hésitation, le bébé s’installa contre son flanc généreux et se dirigea, comme les oursons, vers les mamelles gonflées. Stupéfaite, Khallista la laissa faire. Cette petite humaine avait faim. L’instinct maternel de l’ourse prit le dessus et elle sut qu’elle allait adopter la petite créature.
Elle eut toutes les peines du monde à ramener le nourrisson jusqu’à sa caverne. Les deux oursons accueillirent la fillette avec des grognements de joie.

Ainsi commença l’une des plus extraordinaires aventures jamais contées.

A SUIVRE...

 
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