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LA LOUVE DE CORNOUAILLE
Origine du roman
En août 2005, nous étions invités au mariage de la fille d’un couple d’amis. Le mariage avait lieu en Bretagne, dans la région de Pontivy. Nous en avons profité pour prendre quelques jours de vacances. C’est à cette occasion que nous avons visité le village de l’An 1000, situé sur la commune de Melrand (avec un d !) Vous pouvez voir des photos du site sur la page voisine. En ce qui me concerne, sans doute travaillé par l’imagination débordante dont j’ai hérité tout gamin, je me suis vu transporté à l’époque et j’ai eu envie d’effectuer le voyage dans le temps, par écriture interposée, bien sûr. C’était comme si j’avais senti déjà apparaître quelques-uns de mes personnages, notamment celui de cette petite fée sauvageonne et guerrière que j’ai appelée Sterenn, ce qui veut dire étoile en breton. Je les voyais à mes côtés, je les entendais parler, je les regardais vivre. Une foule d’idées se bousculait dans ma tête. Il y avait là matière à un roman. Sitôt rentré de vacances, j’ai appelé mon éditrice, Jeannine Balland, et je lui ai fait part du projet qui me trottait dans la tête. Un an et demi plus tard, le livre paraissait.
Pour les besoins de l’intrigue, le village de Melrand est devenu Melran (sans d), et il a été déplacé vers l’ouest. L’action se situe à la fin du onzième siècle, ce qui m’a permis de mettre en scène de véritables tournois, qui étaient bien différents de l’image que nous en donne aujourd’hui le cinéma. En réalité, il s’agissait d’une survivance des jeux du cirque romains. Ils consistaient en des batailles « amicales », où chevaliers et gens de pied s’affrontaient « courtoisement », et où les uns et les autres rêvaient de se couvrir de gloire. En attendant, ils se couvraient de sang, et bien qu’une zone neutre fût prévue pour les blessés, ces tournois faisaient en général plusieurs victimes. Celles-ci mourraient non pas des blessures elles-mêmes, mais des infections qui se mettaient dans les plaies. Les antibiotiques étaient inconnus à l’époque. Mais les vainqueurs étaient richement récompensés. Compte tenu de la mortalité élevée, ces combats permettaient à des roturiers qui savaient se battre d’’accéder à la chevalerie. Ce n’est que plus tard que cette possibilité sera limitée et que les tournois se transformeront en joutes fermées, opposant des chevaliers sur le fameux champ de lice. Mais il faudra attendre le treizième siècle.
Ces tournois réunissaient un grand nombre de participants. L’un d’eux, dans le sud-ouest, comptait plus de dix mille chevaliers !
La Louve de Cornouaille m’a aussi permis de me mêler à la vie quotidienne des gens de l’époque, de décrire leurs maisons, leurs villages, les difficultés qu’ils rencontraient pour se nourrir, se vêtir. J’ai évoqué ces bas-fourneaux grâce auxquels on fabriquait du fer. Ce métal était hors de prix au onzième siècle et l’équipement d’un chevalier coûtait très cher. C’est pourquoi j’ai doté mon village de Melran d’un gisement aurifère, comme il y en avait autour de celui de Melrand. Il contribuera largement à sa richesse.
Les personnages de Konogan, évêque de Quimper, et de Hoël, duc de Bretagne, ont réellement existé. Quant à la cathédrale, elle ne ressemblait pas à celle que nous connaissons aujourd’hui. En faisant mes recherches, j’ai appris qu’il y en avait eu deux autres avant, dont on sait peu de choses. Celle de mon roman est vraisemblablement la deuxième.
Sans dévoiler l’intrigue aux lecteurs qui n’ont pas lu le roman, je peux cependant dire que Sterenn reçoit un livre en récompense de ses exploits. A l’époque, un tel présent était digne d’une reine. L’imprimerie n’existait pas et les livres étaient recopiés à la main par des moines, sur du parchemin. Ils nécessitaient des mois d’un travail minutieux, comportaient des enluminures et leur valeur dépassait le prix d’une maison. Seuls les nobles fortunés pouvaient se permettre d’en posséder.
J’ai passé avec Sterenn et ses compagnons des moments vraiment exaltants. Ce roman pourrait donner lieu à une série télévisée historique. Malheureusement, les télévisions françaises sont incapables de se lancer dans un tel projet, que seuls pourraient réaliser les Anglo-saxons. Alors tant pis.
Je regrette qu’il n’ait pas été publié par France Loisirs. Il n’est pas prévu non plus qu’il paraisse en poche. Comme tous mes romans publiés aux Presses de la Cité, il n’intéresse pas la direction de Press Pocket, pour des raisons incompréhensibles, puisqu’il s’est très bien vendu. De plus, la direction du groupe refuse de le présenter ailleurs. Je comprends d’autant moins que tout le monde y perd. Moi, bien sûr, mais aussi la maison d’édition et mes lecteurs.
C’est ainsi…