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ANTILIA
PROLOGUE


Pays olmèque, Amérique centrale, vers le Xe siècle avant J.C...
La nouvelle de la mort du vieux roi avait frappé comme la foudre. À plus de soixante soleils, Chacatoatl jouissait d’une santé solide. Pourtant, la fièvre des marais l’avait emporté en deux jours. Sans doute le dieu jaguar, Tezcatlipoca, s’était-il irrité de la belle condition du souverain, qui honorait encore ses dix-neuf épouses avec tant de fougue que ses héritiers ne se comptaient plus.
Sa disparition touchait profondément chacun, et les larmes qui ruisselaient sur les joues n’étaient pas feintes. On aimait Chacatoatl, qui avait régné avec justice et sagesse, tout comme son grand ancêtre, le dieu Quetzalcoatl.

Le Peuple du Caoutchouc avait quitté Lo-Ren, la capitale du royaume, située à l’intérieur des terres, à la limite des hautes montagnes du Sud. La totalité des pirogues avait été nécessaire pour le voyage. Pendant trois jours, on avait suivi le cours méandreux du Coatzal. On avait ainsi traversé la jungle dense qui menait jusqu’à la grande mer de l’est. Puis on avait chargé les canoës à dos d’hommes et emprunté, durant deux pénibles journées, la piste bourbeuse qui constituait le seul accès terrestre au sanctuaire de La-Ven. Il avait fallu se frayer un chemin à travers le labyrinthe glauque des marécages, où pullulaient caïmans et serpents d’eau.
Une pluie fine n’avait cessé de tomber depuis trois jours, noyant la jungle sous un brouillard qui détrempait les voyageurs jusqu’aux os. Pourtant, lorsque l’on parvint en vue de la cité sacrée, les nuages, chassés par les vents violents venus du large, s’écartèrent pour laisser place à un ciel partagé entre lumière et ténèbres. Le sommet des nuées monstrueuses se frangeait d’une lueur étincelante, tandis que leur ventre titanesque semblait écraser la mangrove, étouffée par une pénombre grise que perçaient de temps à autre d’éblouissantes taches de clarté. Alors, le soleil faisait resplendir les milliards de gouttelettes d’eau qui habillaient les arbres et les lianes d’une dentelle lumineuse; des contrastes d’ombres et de lumière conféraient à la jungle une beauté magique et surnaturelle, comme si les dieux avaient voulu faire oublier la douleur des hommes et les périls qui les guettaient. Il ne faisait aucun doute dans l’esprit des participants que Quetzalcoatl manifestait ainsi son désir d’accueillir son descendant.

Les plus jeunes, qui n’avaient jamais vu la cité sacrée, ne comprenaient pas pourquoi l’on avait ainsi voyagé pendant six jours pour venir dans ces dangereux marais, royaume du palétuvier géant. Hormis quelques pêcheurs grossiers, personne n’habitait cet endroit mystérieux ; l’on y percevait des effluves différents, épais, provenant de l’océan proche, dont nul ne savait où il commençait et où il finissait. Parfois, lors de ses fureurs soudaines, ses eaux remontaient au cœur des innombrables bras du fleuve et emportait les fragiles demeures des indigènes. En ces lieux inquiétants, la terre et l’océan se mêlaient plus intimement que deux amants.

Koatlan, prince héritier et petit-fils de Chacatoatl, regarda discrètement la silhouette haute et maigre de son père qui peinait à ses côtés. Hameran-Bal, fils aîné de Chacatoatl, devait lui succéder. Le jeune homme n’ignorait pas que sa santé, contrairement à celle du vieux roi, était précaire. Si les dieux le rappelaient bientôt à eux, il devrait le remplacer. Mais il ne se sentait pas prêt. Il lui semblait qu’une porte inquiétante s’était ouverte devant lui et un profond désarroi le harcelait.
Il tenta de deviner les sentiments de son père. Le visage émacié ne laissait transparaître aucune émotion. Hameran-Bal n’avait jamais été très bavard. Dissimulait-il, lui aussi, par amour-propre, ses peines et ses craintes ? Songeait-il à la lourde responsabilité qui était désormais la sienne ?
Koatlan ne parvenait pas à accepter l’idée de la disparition de son grand-père. Depuis toujours, celui-ci avait été présent à ses côtés, figure puissante et tranquille qui lui avait transmis sa sagesse. Quelques jours plus tôt, ils avaient tous deux chassé l’agouti, et Koatlan entendait encore le rire du vieil homme résonner à ses oreilles. Chacatoatl lui avait enseigné le maniement de l’arc et du javelot, et la science du combat au corps à corps. De lui, Koatlan avait appris les secrets de la jungle et des montagnes, ceux du ciel et des étoiles. Chacatoatl l’avait aussi initié à l’art étrange de la médecine, qui permettait d’éloigner les mauvais esprits habitant les malades.
- Quetzalcoatl aime la vie, affirmait-il. Il est le dieu du soleil et de la lumière. Les ténèbres fondent devant lui. Le mensonge et la souffrance disparaissent.
Hameran-Bal éprouvait une grande fierté en regardant son fils. Il savait combien Koatlan aimait Chacatoatl, et quelle complicité était la leur. Il devinait sa douleur et son trouble, qu’il dissimulait admirablement. Koatlan montrait au peuple un visage serein et imperturbable, un masque d’autorité et de bravoure, digne du prince qu’il était. Le roi ne s’en étonnait guère. La montagne et la jungle avaient forgé son âme.
Malgré leur parenté, les deux hommes offraient un contraste étonnant. Tous les membres du Peuple du Caoutchouc avaient les cheveux noirs et les yeux d’un brun foncé. Cependant, si le nouveau roi ne se démarquait pas des autres, le prince héritier, à l’instar de son grand-père Chacatoatl, arborait une chevelure inhabituelle, d’un blond tirant sur le roux, qui ne laissait pas d’étonner les émissaires des tribus amies et alliées venus rendre un dernier hommage au souverain défunt. De même, il avait hérité d’un regard bleu pâle, dont on disait qu’il était celui de Quetzalcoatl. On y voyait un don des dieux, et la promesse d’un règne exceptionnel. Aussi l’attention de la foule se portait-elle plus sur le jeune prince que sur son père.

Enfin, on arriva au bord d’un fleuve assez large, au milieu duquel se dressait une île. Le site mystérieux de La-ven apparut dans toute sa splendeur, surprenant, inattendu au cœur de ces marais putrides, et ceux qui n’étaient jamais venus comprirent pourquoi on avait accompli ce voyage épuisant. Construite sur une sorte de tertre dont les flancs se couvraient de végétation tropicale, la cité sacrée s’étirait vers le Sud. Après avoir gravi la pente douce menant au sommet, la foule marqua un instant d’arrêt. Trois têtes monumentales et identiques la contemplaient, parfaitement alignées. C’étaient les Gardiens de pierre, qui protégeaient le sanctuaire. Destinés à effrayer un éventuel envahisseur, ils avaient chacun presque la hauteur de deux hommes.
Au delà des Gardiens s’ouvrait une enceinte rectangulaire d’une cinquantaine de mètres de large. Devant l’enceinte rectangulaire se dressaient deux autels taillés dans la roche basaltique. Sur deux faces opposées étaient sculptés, en bas relief, deux personnages, un homme et une femme, reliés par un cordon symbolisant le cycle de la mort et de la renaissance.
Dans le prolongement s’étirait une aire bordée de deux talus haut de six mètres et longs de quatre-vingt-cinq. À l’entrée, un tumulus sacré accueillerait Chacatoatl. La surface plane était destinée au Tlachti, le jeu de la pelote sacrée, auquel Koatlan avait déjà participé, et qui permettait aux prêtres de connaître les intentions des dieux.
Mais le plus impressionnant restait la longue pyramide de terre qui se dressait au-delà, haute de trente-cinq mètres. Un édifice de bois recouvert de chaume la couronnait. Tandis que le peuple, hommes et femmes confondus, s’installait en silence dans la première enceinte, les prêtres ouvrant le cortège se dirigèrent vers la grande pyramide. Derrière eux suivait le sarcophage dans lequel on avait installé le corps du roi défunt. Hameran-Bal et Koatlan marchaient derrière le cercueil, précédant la famille royale, qui, à elle seule, comportait plus de trois cents personnes.
Le sarcophage avait été taillé dans le tronc d’un arbre sacré que l’on avait fait venir de la montagne Tuxtla. Douze hommes nus le transportaient sur leurs épaules grâce à un assemblage de lianes et de branches soigneusement élaguées. Ces porteurs à la peau entièrement recouverte de cendre n’étaient autres que les prêtres principaux qui assistaient le roi dans les sacrifices rituels. La plupart, aussi âgés que lui, souffraient visiblement de la charge pesant sur leurs frêles épaules. Un silence impressionnant régnait sur la cité sacrée, seulement troublé par le crépitement léger de la pluie sur les larges feuilles des arbres.
Le cortège funèbre traversa l’aire centrale à pas lents, puis gravit la pente de la pyramide. Parvenus au sommet, les porteurs déposèrent leur fardeau et s’écartèrent avec respect.
De là, on découvrait l’étendue immense de la mangrove. Une pluie tiède et abondante se mit à tomber, contrastant avec la lumière du soleil qui trouait les nuages vers l’orient. Un arc-en-ciel double se déploya à l’Ouest. Hameran-Bal s’approcha du sarcophage et leva les bras.
- Les dieux accueillent notre roi ! clama-t-il d’une voix forte où perçait une vive émotion.
La Pluie, Tlaloc, symbolisée par le jaguar, et le Soleil, incarné par Quetzalcoatl, étaient les deux divinités principales du Peuple du Caoutchouc. On ne pouvait que se réjouir de leur présence. Tandis que Hameran-Bal, dont la fonction de souverain comportait également celle de grand prêtre, prononçait les paroles rituelles destinées à apaiser l’âme du défunt, on amena le chien de Chacatoatl, qui devait être sacrifié et enterré avec son maître afin de lui tenir compagnie sur la terre des ancêtres.
Au pied de la pyramide avaient pris place des pleureuses, dont les chants lancinants rythmaient les phrases lancées par le roi, et reprises par l’ensemble des prêtres. Une vive émotion saisit Koatlan lorsque l’on ouvrit le sarcophage. Le visage de Chacatoatl apparut, rendu méconnaissable par la maladie. Avec des gestes pleins de précautions, Hameran-Bal posa sur la face de son père un masque d’or ciselé. Puis on glissa près de la tête des billes de jade, qui représentaient le péage dont le mort devrait s’acquitter pour accéder à l’empire souterrain.
Lorsque les prêtres eurent fini de placer les objets, la dernière épouse de Chacatoatl s’avança. Elle avait pour nom Mayarâ. Le cœur de Koatlan se serra. Elle était à peine plus âgée que lui, et elle allait mourir. Autrefois, lors des cérémonies rituelles, on sacrifiait un être jeune, pour servir de messager auprès des dieux. Mais, depuis la venue du grand dieu Quetzalcoatl, bien des générations auparavant, le Peuple du Caoutchouc ne pratiquaient plus de sacrifices humains. Le dieu de lumière détestait ces immolations cruelles. Toutefois, lorsqu’un homme mourait, qu’il fût roi ou simple paysan, son épouse pouvait demander à le suivre dans la mort. Tel avait été le voeu de Mayarâ. Elle préférait rejoindre son époux dans le royaume des ancêtres et, de son propre gré, devait être sacrifiée sur l’autel. Ils deviendraient des dieux à leur tour. Les autres épouses l’enviaient et la craignaient. Elles n’avaient pas, quant à elles, le courage d’affronter le couteau du grand-prêtre.
En lui-même, le principe du sacrifice ne choquait nullement Koatlan. La mort était un spectacle quotidien dont il ne fallait pas s’effrayer. Mais était-il nécessaire de se l’imposer ainsi, alors que les dieux n’avaient envoyé aucun signe tangible ? La vie ne devait-elle pas se montrer plus forte que la mort ?
Koatlan contempla la longue silhouette qui s’avançait lentement vers la table de basalte sur laquelle étaient sculptés les symboles de Tezcatlipoca. Afin de supprimer toute angoisse dans le cœur de la jeune femme, on lui avait fait mâcher des feuilles de coca, la plante sacrée fournie par les peuples qui vivaient au-delà des hautes montagnes du Sud. Les yeux de Mayarâ luisaient d’une ferveur presque surnaturelle lorsqu’elle se défit de ses vêtements. Sans un mouvement de révolte, elle s’allongea sur la pierre de l’autel. Un silence absolu se fit. Même les pleureuses se turent. Hameran-Bal s’avança, le visage impénétrable.
L’émotion de Koatlan s’intensifia. En tant que premier officiant du Royaume du Caoutchouc, il revenait à son père de pratiquer lui-même le sacrifice. Devrait-il un jour, lui aussi, accomplir un acte aussi épouvantable ? Il lui était arrivé de tuer des ennemis, la loi de la guerre l’exigeait. Mais un sacrifice rituel était différent. Où puiser la force d’effectuer le geste de mort sur une femme que l’on connaissait, et pour laquelle on n’éprouvait aucune haine ?
Un jour, son propre corps reposerait ainsi dans un sarcophage sur lequel on se pencherait en pleurant. Une femme aimée déciderait-elle alors de donner sa vie pour ne pas être séparée de lui ? Il éprouva un profond respect envers Mayarâ, pour l’exemple qu’elle offrait. En ce jour, il lui semblait comprendre ce que signifiait vraiment l’amour.
Il ne savait s’il devait admirer son père ou le haïr lorsque celui-ci éleva lentement le couteau à lame d’obsidienne au-dessus du corps nu de la dernière épouse royale. D’une voix forte, Hameran-Bal prononça les paroles rituelles, puis, d’un geste précis, il plongea la lame dans le cœur de sa victime. Elle ne poussa qu’un cri léger, accompagné d’un soubresaut. Son corps se cabra, refusant la mort, puis elle céda d’un coup et retomba, inerte. Sans hésitation, Hameran-Bal découpa la cage thoracique, dont il ôta le cœur meurtri, en psalmodiant les mots sacrés. Sur ses bras et sur la pierre de l’autel s’écoulaient des rigoles écarlates, auxquelles se mêlaient les eaux du ciel. D’un geste lent, le roi-prêtre éleva l’organe ruisselant de sang, geste symbolique signifiant que l’esprit de la sacrifiée s’envolait vers le royaume des ancêtres.
Koatlan serra les dents. Il aimait beaucoup Mayarâ. Bien sûr, il ne doutait pas qu’à cet instant même elle se tenait dans la lumière du royaume des morts, près de son époux bien-aimé. Mais il avait peine à imaginer qu’il ne la verrait plus, qu’il n’entendrait plus son rire.
Bientôt, le sang du chien se mêla à celui de Mayarâ, que des servants emportaient déjà vers le tombeau. Selon la croyance, le sang fertilisait la terre. On referma ensuite le sarcophage, que les prêtres porteurs soulevèrent pour gagner le tumulus à pas lourds. Tous les dix mètres, le cortège s’arrêtait et un compagnon du roi contait alors ses exploits, ses chasses, les victoires qu’il avait remportées sur ses ennemis, les alliances qu’il avait conclues, les bienfaits apportés à son peuple. Et à chaque fois les larmes des pleureuses redoublaient, largement suivies par celles de la foule. Cependant, certaines anecdotes étaient pleines de drôlerie, car elles illustraient l’amour de la vie qui avait caractérisé Chacatoatl. Alors, le rire l’emportait sur le chagrin, et l’on s’esclaffait avec force, pour oublier un instant la douleur.
Enfin, on pénétra dans le tumulus, édifié sur une ossature de basalte. On installa le sarcophage dans la chambre funéraire, dont les murs se creusaient de niches destinées à recevoir les offrandes. On disposa autour du mort de nombreux objets qui lui serviraient dans sa vie future : têtes de haches, arcs et javelines pour la chasse, colliers, bracelets. On joignit également une lourde mosaïque constituée de cinq cents blocs de serpentine représentant le dieu jaguar, que l’on plaça à la tête du cercueil pour éloigner les démons. Des pirogues de format réduit permettraient au défunt de se déplacer. On ajouta une série de miroirs concaves en fer finement poli, afin que le roi puisse continuer d’officier auprès de Quetzalcoatl. Enfin, on déposa au pied du sarcophage une série de statuettes aux oreilles percées, sculptées dans le jade et la serpentine. Elles représentaient les vassaux des cités lointaines, dont l’ensemble constituait la Nation du Caoutchouc.
Parmi ces objets, l’un d’eux intriguait Koatlan. Il s’agissait d’un vase, dont la forme n’offrait en elle-même aucune originalité, mais sur les flancs duquel étaient peints trois groupes de personnages mystérieux. Le premier groupe présentait une peau sombre, le deuxième une peau cuivrée, et le troisième une peau claire, avec une chevelure jaune. Ce vase avait été fabriqué dans le secret du temple de Lo-Ren et Koatlan savait qu’il revêtait une grande signification religieuse. Il ignorait laquelle, mais une obscure intuition lui soufflait qu’elle avait un rapport avec lui. Il brûlait d’interroger son père à ce sujet, mais il lui fallait faire preuve de patience.

En fait, Hameran-Bal lui fournit l’explication sans qu’il ait eu besoin de la demander.

Deux jours après les funérailles de Chacatoatl, tandis que le peuple avait commencé à regagner la capitale, le nouveau souverain entraîna son fils à l’écart.
- Koatlan, le temps est venu pour toi d’apprendre un secret que seuls les rois se transmettent.
Il s’assura que personne ne les suivait, puis mena son fils hors de la cité sacrée, en direction de la jungle. Leurs pas les guidèrent jusqu’à une butte recouverte d’une végétation abondante. Les deux hommes contournèrent le tertre pour arriver devant une ouverture sombre dissimulée par les arbres. De l’extérieur, la butte offrait un aspect parfaitement naturel. Mais, en pénétrant dans l’anfractuosité, le jeune prince constata qu’elle avait été édifiée par l’homme. Une lourde dalle de schiste se dressa devant eux, que le roi fit basculer grâce à un mécanisme secret. Il alluma une torche, puis invita son fils à entrer. Koatlan le suivit. Un couloir étroit s’enfonçait en pente douce dans les entrailles de la terre.
- J’ai remarqué combien le vase déposé dans le tombeau de ton grand-père t’intriguait, dit Hameran-Bal.
- C’est vrai, père. Pourquoi ces personnages de différentes couleurs ?
- Lorsque Quetzalcoatl, le dieu barbu à peau blanche, nous rendit visite, il y a de cela bien longtemps, il amena avec lui des hommes dont le teint allait de la pâleur du lait à la noirceur de la terre la plus sombre. Ce sont eux qui sont représentés sur ce vase.
- Est-il vrai que Quetzalcoatl fut notre ancêtre, père ?
- Oui, mon fils. Cet endroit n’est pas un tombeau. C’est un sanctuaire où nous gardons précieusement son histoire.
Le couloir les mena dans une crypte ténébreuse, étrangement sèche par rapport à l’extérieur. Koatlan remarqua des vasques contenant une substance blanche et cristalline. Du sel.
- Il protège ce lieu saint de l’humidité, expliqua Hameran-Bal.
La torche éclaira alors trois jarres scellées par de la cire d’abeille, que le roi brisa pour en extraire de mystérieux rouleaux faits d’une matière inconnue.
- Le papyrus, une plante noble qui n’existe pas dans notre monde. Elle vient du pays lointain où naquit notre ancêtre.
Koatlan contempla les rouleaux avec une soudaine vénération. Des signes mystérieux s’alignaient, incompréhensibles, représentant des animaux stylisés, des symboles hermétiques.
- Je suis le seul à pouvoir traduire ces documents, poursuivit Hameran-Bal. À partir d’aujourd’hui, je vais t’enseigner cette écriture sacrée, afin que tu connaisses l’histoire de notre ancêtre divin et que tu puisses, à ton tour, la transmettre à ton successeur. C’est cette histoire que je vais te conter.


A SUIVRE...

 
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